Article pour les ikebanistes les plus passionnés !

 

Dans l’Article 15, Origine symbolique de l’Ikebana : Tao et la construction du Tai-ji, est expliqué comment l’Ikebana représente le symbole du Tai-ji en utilisant des végétaux Yang/forts/les bois, côté Yang et des végétaux Yin/faible/les fleurs/les herbes, côté Yin.

 

 
Shōka Hon-Gatte de l’École Ikenobō. Le symbole du Tai-ji est représenté en utilisant le Nandina du côté Yang et les petits chrysanthèmes du côté Yin.

À côté de la symbolique taoïste du Tai-ji, il y a aussi la symbolique shintō « Shu regarde vers le soleil tandis que toutes les autres plantes regardent vers Shu ».

 
 
Shōka Hon-Gatte de l’École Ikenobō aux feuilles d’Aspidistra.

Comme toute la composition est réalisée avec le même végétal,  on ne voit pas la différence entre le Yang/bois/plantes fortes, côté Yang et Yin /fleurs/plantes faibles côté Yin.

 

Dans la composition avec l’Aspidistra, Shu a son côté vert foncé qui « regarde » vers le soleil et le côté vert foncé de toutes les autres feuilles « regarde vers Shu ». Nous voyons aussi le côté vert clair de la plupart des feuilles c’est-à-dire que nous voyons la composition dans son ensemble depuis le nord (en bas). Pour mettre en évidence la différence entre le côté Yang d’une composition et son côté Yin, observons une particularité des feuilles d’Aspidistra.

 

 

 

 

Deux feuilles d’Aspidistra A et B, vues du côté Yin/négatif, verso.

 

On voit les deux moitiés inégales, la plus grande à notre droite dans l’exemple A,  la plus grande à gauche dans l’exemple B.

 

Ces feuilles, en plus d’avoir un côté Yang, devant et un côté Yin, arrière, ont aussi, de manière aléatoire sur chaque feuille et comme tous les limbes des feuilles,  deux moitiés inégales : la plus grande moitié est considérée comme Yang tandis que la plus petite moitié est Yin.

 

 

Ce fait «complique» le travail de l’ikebaniste puisque la face Yang de chaque feuille simple (la face) doit suivre la symbolique shintoïste (Shu regarde vers le soleil, les autres végétaux regardent vers Shu). Et en même temps, la partie Yang de chaque feuille simple ( = la plus grande partie de la feuille) doit également être en position Yang/soleil de la composition, que les feuilles soient derrière ou devant Shu.

 

La plus grande moitié de la feuille, qu’elle soit à droite ou à gauche, est identifiée Yang tandis que la plus petite moitié est identifiée Yin. La moitié Yang de chaque feuille doit être vers le côté Yang de la composition, celle où le soleil brille, tandis que la moitié Yin doit être vers le côté Yin de la composition, c’est-à-dire à notre droite dans le croquis ci-dessous.

 

Dans ce croquis d’une composition Hon-Gatte/de-droite, le côté clair de la feuille d’Aspidistra est le côté Yang, le côté sombre est le côté Yin.

La moitié de la feuille marquée du signe o est celle du Yang, plus grande.

 

Toutes les feuilles, aussi bien devant que derrière Shu, sont positionnées pour que leur plus grand côté/Yang soit du côté Yang/soleil de la composition à notre gauche, le soleil étant hypothétiquement derrière la composition et à notre gauche.

 

En résumé :

– Shu regarde vers le soleil et tous les autres éléments regardent vers Shu, c’est-à-dire la partie Yang/plus sombre de la feuille la plus haute (le Shu-shi de l’École Ohara) regarde vers le soleil tandis que toutes les autres feuilles montrent leur partie Yang/plus sombre, vers Shu.

– la moitié Yang de chaque feuille simple, la plus grande, est du côté Yang de la composition, celui vers le soleil, tandis que la moitié Yin de chaque feuille simple est du côté Yin de la composition, celui opposé au soleil.

 

Comme expliqué dans l’Article 24, Shintoïsme et Ikebana : du Rikka au Shōka et Seika, la position du soleil derrière le vase de l’école Ikenobō est déplacée devant le vase par toutes les écoles non Ikenobō, Ohara incluse.

 

Même si l’École Ohara ne tient pas compte de la différence entre les deux moitiés inégales de chaque feuille mais seulement de son « avant »/Yang/positif et de son « arrière »/Yin/négatif et sachant la façon dont l’École Ikenobō positionnait le végétal aide à comprendre les règles de composition de l’École Ohara.

 

Rappelons que la plupart des règles de composition de l’école Ohara dérivent des règles Ikenobō puisque les deux premiers Iemoto, Unshin et Koun, ont appris l’Ikebana dans cette école.