La théorie Wu Xing a influencé toute la culture japonaise et donc l’Ikebana. Pour le taoïsme, l’interaction du Yin et du Yang s’exprime à-travers cinq manifestations fondamentales de l’énergie que sont les cinq éléments : terre, eau, feu, métal et bois.

 

Le terme Wu Xing ne fait pas référence aux cinq éléments que l’on peut trouver n’importe où dans la nature. Il s’agit d’une métaphore faisant référence aux cinq formes d’expression du Ki dans l’univers.

Les cinq éléments sont simplement une figure symbolique des cinq phases du mouvement du Ki système de translittération Hepburn) ou Qi (système PinYin ).

 

 

Dans le schéma ci-contre, les cinq éléments terre, eau, feu, métal et bois sont représentés sous une forme symbolique appelée ‘Gorintō’ (Tour à 5 anneaux) ou ‘Gorinsotōba’.

 

 

Les Gorinsotōba sont courants dans les temples et les cimetières bouddhiques.

En accord avec le syncrétisme religieux japonais, les cinq éléments représentent le corps de Bouddha.

 

Tour à 5 anneaux : ‘Gorinsotōba’

 

 

 

 

Il n’est pas nécessaire à l’ikebaniste de connaître, en détail, la théorie complexe de Wu Xing.

Cependant d’après les anciens textes d’Ikebana, il est fascinant de constater que la théorie sur les règles de composition du Rikka formel/Shin (Voir Article 21, Shin, Gyō, Sō), à l’origine de tous les styles ultérieurs y compris ceux de l’École Ohara, est en concordance avec la théorie Wu Xing des cinq manifestations fondamentales de l’énergie que sont les cinq éléments : terre, eau, feu, métal et bois.

.

 

Les différents croquis soulignent cette concordance.

 

Les noms utilisés par l’École Ohara Shu-shi, Fuku-shi et Kyaku-shi qui deviendront les trois Yaku-eda, ont été insérés au-dessus des branches du Rikka.

 

 

 

D’après les textes anciens, la concordance entre les hexagrammes du Yi jing ou I ching (oracles chinois) et l’Ikebana est également manifeste.

 

Il y a aussi concordance entre la disposition dans l’environnement, la construction et l’agencement spatial de la cabane de la Cérémonie du thé et les trigrammes du I ching (Livre des Mutations).

 

À l’époque Tokugawa (= Edo 1603-1868), le I ching est un texte d’une importance capitale, très suivi. La théorie du Yin-Yang et la théorie des cinq éléments, Xu Xing, sont les fondements théoriques de l’astronomie, la médecine, la mathématique, la botanique, l’architecture et bien d’autres arts, dont le Chanoyu, Cérémonie du thé, et l’Ikebana.

 

Voir Article 15,  Origine symbolique de l’Ikebana : Tao et la construction du Tai-ji et Article 23,Tai-ji et École Ikenobō.

 

Avant 1600, ces théories sont connues par peu de gens (noblesse shogunale et impériale et hauts prélats bouddhistes). Elle se répandent, à l’époque Edo, auprès d’un nombre croissant de ‘Chōnin’, ces riches artisans et marchands qui, bien qu’au plus bas de l’échelle sociale Tokugawa, sont les créateurs et les mécènes des nouvelles formes d’art et contribuent, avec d’autres facteurs, à la fin du shogunat.

 

Quant à l’Ikebana, selon Wai-ming Ng, auteur de « The I ching in Tokugawa Thought and Culture », 1962, c’est dans cet art que ces principes sont les plus appliqués par rapport aux autres arts.

Dans un texte de 1700 (Transmissions orales de l‘École Sen’ Ikenobo) il est péremptoirement précisé que : « la composition, si elle n’est pas basée sur ces principes, n’est pas un Ikebana ».